Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Et c’est pour cela que la grande majorité des Mourji’a étaient d’avis que les actes du cœur entrent dans la Foi, comme l’ont transmis les auteurs de « Al Maqâlât », et parmi eux Al Ach’arî, dans son ouvrage s’y trouvant, [il dit] :

« Quel est la divergence des Mourji’a au sujet de la Foi ? »

Il se divise en 12 groupes :

Le premier : Ils prétendent que la Foi en Allah est uniquement sa connaissance, celle de Son messager et de tout ce qui est venu de sa part, et que ce qui est autre que la connaissance, dont la reconnaissance par la langue (iqrâr), la soumission par le cœur (inqiyâd), l’amour d’Allah et de Son messager en le glorifiant (mahabbah), la crainte (khachiyah), ainsi que les actes des membres (a’mâl al jawârih), ne font pas partie de la Foi, et ils ont prétendu que la mécréance en Allah est le fait de l’ignorer, et ceci est une parole qui est rapportée de Jahm Ibn Safwân.

      Ainsi, les Jahmiyah ont prétendu que si l’homme vient avec la connaissance (d’Allah…) et qu’ensuite il renie [une chose de la religion] avec la langue, alors il ne mécroit pas par son reniement, que la Foi ne se divise pas et que parmi ceux qui la possèdent, aucun n’a plus de mérite qu’un autre dans son degré, de même que la Foi et la mécréance ne se trouvent que dans le cœur, sans les membres [du corps]. »

Il dit ensuite, au sujet du deuxième groupe des Mourji’a :

Le deuxième groupe des Mourji’a : Ils ont prétendu que la Foi est uniquement la connaissance d’Allah et que la mécréance envers Lui ne provient que du fait de L’ignorer, qu’il n’y a de Foi en Allah que par le fait de Le connaître et de mécréance que par le fait de L’ignorer, que la parole de celui qui dit « Certes Allah Est Le troisième de trois » n’est pas de la mécréance mais que cela ne provient que d’un mécréant, ceci parce qu’Allah a jugé mécréant celui qui  dit cela et que les musulmans sont unanimes sur le fait que seul un mécréant ne le prononce… Et celui qui tient ce propos est Abou Housein as-Sâlihî. » (Fin de citation)[1]

 

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah, toujours dans ce qu’il rapporte de l’Imam Al Ach’arî dans son ouvrage regroupant les croyances des différentes sectes, a dit :

Le dixième groupe : Parmi les Mourji’a, les compagnons de Abi Mou’âdh At-Tawmanî… Et Abou Mou’âdh disait : « Celui qui tue un Prophète ou le frappe, mécroit, et ce n’est pas pour le coup donné qu’il mécroit mais pour le mépris, l’inimité et la haine envers lui (le prophète). »

Puis il dit (Al Acha’arî) :

Le onzième groupe des Mourji’a : Ils sont les compagnons de Bishr Al Mirîsî, qui disent : « La Foi est le Tasdîq[2], car linguistiquement, la Foi est le Tasdîq. Et tout ce qui n’est pas du Tasdîq, ne fait pas partie de la Foi. Et il prétend (Bishr) que le Tasdîq se fait par le cœur et la langue, ensemble. De même, Ibn ar-Râwandî a adopté cette position, et il prétendait que la mécréance était le reniement, le rejet, ainsi que le fait de cacher et recouvrir[3], et il n’admettait comme étant de la mécréance que ce qui l’était dans la langue [arabe], tout comme il n’admettait pas comme étant la Foi, ce qui ne l’était pas dans celle-ci. De plus, il prétendait que la prosternation pour le soleil ou pour un autre qu’Allah n’est pas de la mécréance, mais que c’était un signe de la mécréance, car Allah a expliqué que seul un mécréant ne se prosterne pour le soleil.” » (Fin de citation)[4]

En outre, Al Ach’arî a évoqué dans son ouvrage cité par Shaykh Al Islam, au volume 1, page 223, ce qu’était la divergence des Mourji’a au sujet de la mécréance, et qu’ils prétendent que :

        « La mécréance ne forme qu’une seule branche (un bloc) qui ne se produit que par le cœur, et ceci est le fait d’ignorer [Allah], et ceux-là sont les Jahmiyah.

Et le deuxième groupe : Ceux qui prétendent que la mécréance est de plusieurs branches, et qu’elle peut provenir du cœur et d’autre ; que le fait d’ignorer Allah est de la mécréance qui se produit par le cœur, de même que le fait de Le détester et de s’enfler d’orgueil envers Lui, mais encore que le Takdhîb[5] d’Allah et de Son messager par le cœur et la langue, leur reniement, leur rejet et leur réprobation, sont de la mécréance, de même que le mépris envers Allah et Son Messager. Ainsi, l’auteur de cette parole a prétendu que celui qui combat le prophète ou le frappe, ne mécroit pas à cause du combat ou du coup, mais à cause de son mépris envers lui…

Et le quatrième groupe : Ceux qui prétendent que la mécréance en Allah est le Takdhîb, et le fait de le renier par la langue, que la mécréance ne se produit que par la langue, en dehors des autres membres du corps, et ceci est la parole de Mouhammad Ibn Karrâm et ses compagnons.

Et le cinquième groupe : Ceux qui prétendent que la mécréance est le reniement, le rejet, et le fait de camoufler la Foi, et que la mécréance se produit par le cœur et la langue.» (Fin de citation)

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah -qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

        « Et de  là, il apparaît l’erreur de la parole de Jahm Ibn Safwân et de ceux qui l’ont suivi, quand ils ont pensé que la Foi est simplement le Tasdîq et la connaissance du cœur ; ils n’ont pas considéré les actes du cœur comme fait partie de la Foi, et ont pensé qu’il se peut que l’homme soit croyant à la Foi complète dans son cœur, et qu’avec cela il insulte Allah et Son Messager, qu’il prenne pour ennemis les alliés d’Allah et s’allie à ses ennemis, qu’il tue les Prophètes, détruise les mosquées, blasphème sur le Coran, honore énormément les mécréants et humilie excessivement les musulmans. Ils ont dit : « Tout cela, ne sont que des désobéissances qui n’annulent pas la Foi qui se trouve dans son cœur, et il se peut qu’il accomplisse cela, alors que dans son intérieur, auprès d’Allah, il soit croyant ». Et ils ont dit : « Néanmoins, lui sont appliqués les jugements des mécréants dans ce bas-monde, car ces propos sont des marques de la mécréance, afin que l’on juge par l’apparence, tout comme l’on juge par la reconnaissance et les témoins, et ce, même s’il se peut qu’à l’intérieur il y ait le contraire de ce qu’il reconnait et de ce dont témoignent les témoins. » Ainsi, lorsqu’il leur est fait mention du Livre, de la Sounnah et du Consensus, sur le fait que l’un d’entre eux est mécréant et en même temps châtié dans l’au-delà, ils disent : « Ceci est une preuve de la disparition du Tasdîq et de la connaissance de son cœur ». (Fin de citation)[6]

 


[1] Majmou’ Al Fatâwâ volume 7 page 543/544

[2] Le Tasdîq est le fait de rendre véridique une information, soit par le cœur, soit par la langue, soit les deux.

[3] C’est à dire : le fait de refouler la Foi

[4] Majmou’ Al Fatâwâ, volume 7, pages 547/548

[5] Takdhîb : qui est le contraire de Tasdîq, signifiant l’action de démentir.

[6] Majmou’ Al Fatâwâ, volume 7, page 188/199


Arabe :  

 

1- نقل شيخ الإسلام (7/543 ، 544) عن الأشعري في مقالته قوله :

( اختلف المرجئة في الإيمان ما هو ؟ وهم  » اثنتا عشرة فرقة « 

الفرقة الأولى منهم : يزعمون أن الإيمان بالله هو المعرفة بالله وبرسوله وبجميع ما جاء من عند الله فقط وأن ما سوى المعرفة من الإقرار باللسان والخضوع بالقلب والمحبة لله ولرسوله والتعظيم لهما والخوف والعمل بالجوارح فليس بإيمان وزعموا أن الكفر بالله هو الجهل به ، وهذا قول يحكى عن الجهم بن صفوان

قال : وزعمت الجهمية أن الإنسان إذا أتى بالمعرفة ثم جحد بلسانه أنه لا يكفر بجحده وأن الإيمان لا يتبعض ولا يتفاضل أهله فيه وأن الإيمان والكفر لا يكونان إلا في القلب دون الجوارح)

2- وقال عن الفرقة الثانية من المرجئة :

(الفرقة الثانية من المرجئة : يزعمون أن الإيمان هو المعرفة بالله فقط والكفر به هو الجهل به فقط فلا إيمان بالله إلا المعرفة به ولا كفر بالله إلا الجهل به وإن قول القائل : إن الله ثالث ثلاثة ليس بكفر ولكنه لا يظهر إلا من كافر وذلك أن الله كفر من قال ذلك وأجمع المسلمون أنه لا يقوله إلا كافر… والقائل بهذا القول أبو الحسين الصالحي

وقد ذكر الأشعري في كتابه  » الموجز  » قول الصالحي هذا وغيره ثم قال : والذي أختاره في الأسماء قول الصالحي وفي الخصوص والعموم أني لا أقطع بظاهر الخبر على العموم ولا على الخصوص إذ كان يحتمل في اللغة أن يكون خاصا ويحتمل أن يكون عاما وأقف في ذلك ولا أقطع على عموم ولا على خصوص إلا بتوقيف أو إجماع .) انتهى من مجموع الفتاوى

3- وقال الأشعري – فيما نقله شيخ الإسلام عنه – 7/ 547 ، 548

(الفرقة العاشرة  » : من المرجئة أصحاب أبي معاذ التومني … وكان أبو معاذ يقول : من قتل نبيا أو لطمه كفر وليس من أجل اللطمة كفر ولكن من أجل الاستخفاف والعداوة والبغض له.

 

4- وقال

(والفرقة  » الحادية عشر  » من المرجئة : أصحاب بشر المريسي يقولون : إن الإيمان هو التصديق لأن الإيمان في اللغة هو التصديق وما ليس بتصديق فليس بإيمان ويزعم أن التصديق يكون بالقلب وباللسان جميعا وإلى هذا القول كان يذهب ابن الراوندي وكان ابن الراوندي يزعم أن الكفر هو الجحد والإنكار والستر والتغطية وليس يجوز أن يكون الكفر إلا ما كان في اللغة كفرا ولا يجوز إيمان إلا ما كان في اللغة إيمانا وكان يزعم أن السجود للشمس ليس بكفر ولا السجود لغير الله كفر ولكنه علم على الكفر لأن الله بين أنه لا يسجد للشمس إلا كافر .)

5- وذكر الأشعري في مقالاته 1/223 اختلاف المرجئة في الكفر ما هو ، وأن منهم من ( يزعمون أن الكفر خصلة واحدة ، وبالقلب يكون ، وهو الجهل بالله ، وهؤلاء هم الجهمية)

( والفرقة الثانية منهم يزعمون أن الكفر خصال كثيرة ، ويكون بالقلب وبغير القلب ، والجهل بالله كفر وبالقلب يكون ، وكذلك البغض لله والاستكبار عليه كفر ، وكذلك التكذيب بالله وبرسوله بالقلب وباللسان ، وكذلك الجحود لهم والإنكار لهم ونعيهم [ لعلها : ونفيهم] ، وكذلك الاستخفاف بالله وبرسله كفر… وزعم قائل هذا أن قاتل النبي ولاطمه لم يكفر من أجل القتل واللطمة ولكن من أجل الاستخفاف ، وكذلك تارك الصلاة مستحلا لتركها إنما يكفر بالاستحلال لتركها لا بتركها…

والفرقة الرابعة منهم يزعمون أن الكفر بالله هو التكذيب والجحد له والإنكار له باللسان ، وأن الكفر لا يكون إلا باللسان دون غيره من الجوارح ، وهذا قول محمد بن كرام وأصحابه.

والفرقة الخامسة منهم يزعمون أن الكفر هو الجحود والإنكار والستر والتغطية ، وأن الكفر يكون بالقلب واللسان

 

 

وقال شيخ الإسلام ابن تيمية في ( 7/188 ، 189)20-

(ومن هنا يظهر خطأ قول  » جهم بن صفوان  » ومن اتبعه حيث ظنوا أن الإيمان مجرد تصديق القلب وعلمه لم يجعلوا أعمال القلب من الإيمان وظنوا أنه قد يكون الإنسان مؤمنا كامل الإيمان بقلبه وهو مع هذا يسب الله ورسوله ويعادي الله ورسوله ويعادي أولياء الله ويوالي أعداء الله ويقتل الأنبياء ويهدم المساجد ويهين المصاحف ويكرم الكفار غاية الكرامة ويهين المؤمنين غاية الإهانة قالوا :

وهذه كلها معاص لا تنافي الإيمان الذي في قلبه بل يفعل هذا وهو في الباطن عند الله مؤمن.

قالوا : وإنما ثبت له في الدنيا أحكام الكفار ؛ لأن هذه الأقوال أمارة على الكفر ليحكم بالظاهر كما يحكم بالإقرار والشهود وإن كان الباطن قد يكون بخلاف ما أقر به وبخلاف ما شهد به الشهود، فإذا أورد عليهم الكتاب والسنة والإجماع على أن الواحد من هؤلاء كافر في نفس الأمر معذب في الآخرة قالوا : فهذا دليل على انتفاء التصديق والعلم من قلبه

فالكفر عندهم شيء واحد وهو الجهل

والإيمان شيء واحد وهو العلم

أو تكذيب القلب وتصديقه ، فإنهم متنازعون هل تصديق القلب شيء غير العلم أو هو هو ؟

وهذا القول مع أنه أفسد قول قيل في  » الإيمان  » فقد ذهب إليه كثير من أهل الكلام المرجئة .

وقد كفر السلف – كوكيع بن الجراح وأحمد بن حنبل وأبي عبيد وغيرهم – من يقول بهذا القول . وقالوا : إبليس كافر بنص القرآن وإنما كفره باستكباره وامتناعه عن السجود لآدم لا لكونه كذب خبرا . وكذلك فرعون وقومه قال الله تعالى فيهم : { وجحدوا بها واستيقنتها أنفسهم ظلما وعلوا }. …)

21- وقال شيخ الاسلام في الفتاوى ( 7 / 557 ) : ( فهؤلاء القائلون بقول جهم والصالحي قد صرحوا بأن سب الله ورسوله ، والتكلم بالتثليث وكل كلمة من كلام الكفر ليس هو كفرا في الباطن ، ولكنه دليل في الظاهر على الكفر ، ويجوز مع هذا أن يكون هذا الساب الشاتم في الباطن عارفا بالله موحدا مؤمنا به )

تنبيه : لا يفهم من قوله إن السب والتكلم بالتثليث ليس كفرا في الباطن ، أنهم يقولون إنه كفر في الظاهر !

فالكفر عندهم – كما سبق – ليس إلا شيئا واحدا هو الجهل أو التكذيب . وإنما المراد أن السب والتكلم بالثليث ليس كفرا في الحقيقة ، وإنما هو أمارة ودليل على الكفر ، وقد تتخلف هذه الأمارة

ومهما حكم الجهمية بكفر الساب ظاهرا ، فإنهم لا يرون السب كفرا ، وإنما هو دليل وأمارة على الكفر ، فانتبه لذلك

ولهذا قال في رده عليهم ( 7/558)

( وقد ذكر الله كلمات الكفار في القرآن وحكم بكفرهم واستحقاقهم الوعيد بها ، ولو كانت أقوالهم الكفرية بمنزلة شهادة الشهود عليهم ، أو بمنزلة الإقرار الذي يغلط فيه المقر لم يجعلهم الله من أهل الوعيد بالشهادة التي قد تكون صدقا وقد تكون كذبا ، بل كان ينبغي أن لا يعذبهم إلا بشرط صدق الشهادة ، وهذا كقوله تعالى » لقد كفر الذين قالوا إن الله ثالث ثلاثة » « لقد كفر الذين قالوا إن الله هو المسيح بن مريم » وأمثال ذلك).

إلى أن قال 7/560

و  » أيضا  » فإنه سبحانه استثنى المكره من الكفار، ولو كان الكفر لا يكون إلا بتكذيب القلب وجهله لم يستثن منه المكره ؛ لأن الإكراه على ذلك ممتنع فعلم أن التكلم بالكفر كفر لا في حال الإكراه

 22- ويؤكد شيخ الإسلام في مواضع على أن نفس مقولة السب كفر ، وأن السب كفر بذاته ، ردا على أتباع جهم والصالحي.

قال في الصارم المسلول في معرض رده على من اشترط الاستحلال لتكفير الساب ص 517 ط. المكتب الإسلامي

واذا تبين ان مذهب سلف الامة ومن اتبعهم من الخلف أن هذه المقالة في نفسها كفر استحلها صاحبها او لم يستحلها فالدليل على ذلك جميع ما قدمناه في المسألة الأولى

وقال ص 524

وقال تعالى في حق المستهزئين :  » لا تعتذروا قد كفرتم بعد إيمانكم  » فبين أنهم كفار بالقول مع أنهم لم يعتقدوا صحته

 

(62)

Les différents groupes de Mourji’a et leurs doctrines dans la définition de la Foi et de la Mécréance – Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah