L’Imam ‘Adoullah Ibn ‘Abd Ar-Rahmân Aba Boutayn -qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : 

 

Le Shaykh Mouwaffiq Ad-Dîne Abou Mouhammad Ibn Qoudâmah (Al Maqdissî) –qu’Allah Le Très Haut lui fasse miséricorde- lorsqu’il en est arrivé à parler de : « Est-ce que tout moujtahid voit juste ? » Et il a jugé plus juste l’avis de la majorité qui est que ce n’est pas tout moujtahid qui voit juste, au contraire, la vérité ne se trouve que dans une des paroles des moujtahidine.

Il dit (Ibn Qoudâmah) :

« Et Al Jâhizh* a prétendu que celui qui contredit la religion de l’Islam, s’il a regardé et qu’il a été incapable d’atteindre la vérité, il est alors excusé et non pécheur »

Jusqu’à ce qu’il dise :

« Ce pour quoi Al Jâhizh a opté est, avec certitude, caduc, et c’est une mécréance en Allah, ainsi qu’une réplique envers Lui et Son Messager. Nous savons donc de manière catégorique que le Prophète –salla Allah ‘alayhi wa sallam- a ordonné aux juifs et aux chrétiens d’adhérer à l’Islam et de le suivre, les a blâmés pour leur persistance (sur leur voie), et les a tous combattus, tuant les pubères parmi eux. Et nous savons que l’obstiné qui connaît (la vérité) n’est qu’une minorité, mais que la majorité est composée d’imitateurs qui ont suivi la religion de leurs pères par imitation, et ils ne connaissaient pas le miracle du Messager, ni sa véracité.

Et les versets dans le Coran prouvant cela sont nombreux, comme Sa Parole : {C’est la pensée (Zhann) de ceux qui ont mécru}[1], et Sa Parole : {Et c´est cette pensée que vous avez eue de votre Seigneur, qui vous a ruinés, de sorte que vous êtes devenus du nombre des perdants.}[2], et Sa Parole : {et ils ne font que des conjectures.}[3], et Sa Parole : {et ils pensent s´appuyer sur quelque chose[de solide]}[4], et Sa Parole : {Et ils pensent être bien guidés}[5], et Sa Parole :  {Dis: « Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en œuvres ? Ceux dont l´effort, dans la vie présente, s´est égaré, alors qu´ils s´imaginent faire le bien.}[6], et de manière générale le blâme de ceux qui démentent que l’on ne peut dénombrer dans le Livre et la Sounnah. » Fin de citation de l’Imam Ibn Qoudâmah Al Maqdissî

Et les savants évoquent que celui qui renie une des cinq adorations (pilier), ou dit que l’une d’entre elle n’est qu’une sounnah (recommandée) mais n’est pas obligatoire, ou renie le caractère licite du pain ou autre, ou renie le caractère illicite du vin ou ce qui est semblable, ou doute en cela, alors que ses semblables ne l’ignorent pas, celui-ci a mécru, et que si ses semblables l’ignorent alors on doit lui faire savoir, et s’il persiste il a mécru et doit être exécuté ; et [les savants] ne disent pas « si la vérité lui est apparue clairement [7] et qu’ensuite il s’obstine, il a mécru ». De plus, nous ne savons pas qu’il est obstiné jusqu’à ce qu’il dise : « Je sais que ceci est vérité mais je ne m’y plie pas et ne le dis pas », ceci n’existe presque pas.

Et les savants de toutes les écoles juridiques ont certes évoqué de nombreuses choses que l’on ne peut dénombrer, comme paroles, actes et croyances, pour lesquels mécroit son auteur, et ils n’ont pas restreint cela à l’obstiné. Ainsi, celui qui prétend que l’auteur d’une mécréance par mauvaise compréhension, par effort, par erreur, par conformisme ou par ignorance est excusé : il s’oppose au Coran, à la Sounnah ainsi que l’unanimité, sans aucun doute ; en plus il sera forcé de contredire son principe, sinon il deviendra mécréant sans aucun doute : si par exemple il ne juge pas mécréant celui qui doute du message de Mouhammad -salla Allahou ‘alayhi wa sallam-, ou quelque chose comme ça. 

« Quant à l’homme qui demanda à sa famille de le brûler, et qu’Allah a pardonné malgré son doute au sujet d’un des attributs du Seigneur, Béni et Élevé, Il lui a donc pardonné à cause du fait que le message ne lui était parvenu, et c’est l’avis de plus d’un savant.

C’est pour cela que le Shaykh Taqiy Ad-Dîn (Ibn Taymiyah) a dit : 

« Celui qui doute d’un des attributs du Seigneur – Le Très Haut- qu’une personne telle que lui ne peut ignorer, il mécroit donc. Et si une personne telle que lui peut ignorer cela, alors il ne mécroit pas. »

Et il dit : 

« C’est pour cela que le Prophète -Salla Allah ‘alayhi wa sallam- ne jugea pas mécréant celui qui douta de la capacité d’Allah, car il ne devient mécréant qu’après que le message lui soit transmis. »

C’est également l’avis d’Ibn ‘Aqîl, il estima que cet homme n’avait pas eu accès au message.

Et le choix de Shaykh Taqiy Ad-Dîn (Ibn Taymiyah) concernant les attributs d’Allah est que l’ignorant ne devient pas mécréant ; mais pour ce qui est du Shirk et les choses comme ça, alors non ! »

 


[1] Sourate Sad, verset 27

[2] Sourate Fussilate, verset 23

[3] Sourate Al Baqarah , verset 78

[4] Sourate Al Mujadalah, verset 18

[5] Sourate Al A’raf, verset 30

[6] Sourate Al Kahf, versets 103 et 104

[7] Dans le sens où il l’a comprise et perçue comme étant la vérité et qu’il est été convaincu

* Al Jâhizh était un juge mou’atzili, le premier ayant innové le fait que les mécréants sont excusés le jour dernier s’ils sont ont fait un effort d’interprétation, tout en les jugeant mécréants dans ce bas monde. Certains anciens l’ont jugé apostat pour cela et parmi ceux qui l’ont réfuté vigoureusement, l’Imam Ibn Jarîr At-Tabarî, grand Imam du tafsir, contemporain de l’Imam Ahmad, qu’Allah leur fasse miséricorde.

(Source : Dourar As-Saniyya volume 12 pages 71 à 73)

 


 

Arabe : 

 

قال الشيخ موفق الدين أبو محمد بن قدامة، رحمه الله تعالى لما انجر كلامه: هل كل مجتهد مصيب؟ ورجح قول الجمهور، أنه ليس كل مجتهد مصيب، بل الحق في قول واحد من أقوال المجتهدين.
قال: وزعم الجاحظ أن من خالف ملة الإسلام، إذا نظر فعجز عن إدراك الحق، فهو معذور غير آثم، إلى أن قال: أما ما ذهب إليه الجاحظ فباطل يقينا، وكفر بالله ورد عليه وعلى رسوله، فنعلم قطعا: أن النبي صلى الله عليه وسلم أمر اليهود والنصارى بالإسلام واتباعه، وذمهم على الإصرار، وقاتلهم جميعهم، يقتل البالغ منهم; ونعلم: أن المعاند العارف ممن يقل، وإنما الأكثر مقلدة اعتقدوا دين آبائهم تقليدا، ولم يعرفوا معجزة الرسول وصدقه

والآيات الدالة في القرآن على هذا كثيرة، كقوله تعالى: {ذَلِكَ ظَنُّ الَّذِينَ كَفَرُوا} [سورة ص آية: 27] الآية، وقوله: {وَذَلِكُمْ ظَنُّكُمُ الَّذِي ظَنَنْتُمْ بِرَبِّكُمْ أَرْدَاكُمْ} [سورة فصلت آية: 23] الآية، وقوله: {وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَظُنُّونَ} [سورة البقرة آية: 78] وقوله: {وَيَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ عَلَى شَيْءٍ} [سورة المجادلة آية: 18] وقوله: {وَيَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ مُهْتَدُونَ} [سورة الأعراف آية: 30] وقوله: {قُلْ هَلْ نُنَبِّئُكُمْ بِالأَخْسَرِينَ أَعْمَالاً الَّذِينَ ضَلَّ سَعْيُهُمْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَهُمْ يَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ يُحْسِنُونَ صُنْعاً} [سورة الكهف آية: 103-104] الآية. وفي الجملة: ذم المكذبين للرسول مما لا ينحصر في الكتاب والسنة، انتهى.
والعلماء يذكرون أن من أنكر وجوب عبادة من العبادات الخمس، أو قال في واحدة منها إنها سنة لا واجبة، أو جحد حل الخبز ونحوه، أو جحد تحريم الخمر ونحوه، أو شك في ذلك، ومثله لا يجهله، كفر؛ وإن كان مثله يجهله عرف، فإن أصر بعد التعريف كفر، وقتل; ولم يقولوا: فإذا تبين له الحق وعاند كفر
وأيضا: فنحن لا نعرف أنه معاند، حتى يقول: أنا أعلم أن ذلك حق ولا ألتزمه، ولا أقوله، وهذا لا يكاد يوجد

وقد ذكر العلماء من أهل كل مذهب، أشياء كثيرة لا يمكن حصرها، من الأقوال، والأفعال، والاعتقادات أنه يكفر صاحبها، ولم يقيدوا ذلك بالمعاند؛ فالمدعي أن مرتكب الكفر متأولا، أو مجتهدا أو مخطئا، أو مقلدا أو جاهلا، معذور، مخالف للكتاب والسنة، والإجماع بلا شك، مع أنه لا بد أن ينقض أصله، فلو طرد أصله كفر بلا ريب، كما لو توقف في تكفير من شك في رسالة محمد صلى الله عليه وسلم ونحو ذلك.
وأما الرجل الذي أوصى أهله أن يحرقوه، وأن الله غفر له مع شكه في صفة من صفات الرب تبارك وتعالى، فإنما غفر له لعدم بلوغ الرسالة له، كذلك قال غير واحد من العلماء; ولهذا قال الشيخ تقي الدين: من شك في صفة من صفات الرب تعالى، ومثله لا يجهله، كفر، وإن كان مثله يجهله لم يكفر; قال: ولهذا لم يكفر النبي صلى الله عليه وسلم الرجل الشاك في قدرة الله تعالى، لأنه لا يكفر إلا بعد بلوغ الرسالة؛ وكذلك قال ابن عقيل، وحمله على أنه لم تبلغه الدعوة.
واختيار الشيخ تقي الدين في الصفات أنه لا يكفر الجاهل، وأما في الشرك ونحوه فلا، كما ستقف على بعض كلامه إن شاء الله تعالى؛ وقد قدمنا بعض كلامه في الاتحادية وغيرهم، وتكفيره من شك في كفرهم

 

(1524)

Destruction des faussetés de l’excuse par l’ignorance par les Imams Ibn Qoudamâ et Aba Boutayn