Neuvième point : Vouloir être mécréant n’est pas une condition pour le devenir


 

               Ce point traite donc de la suite de la conclusion du point précédent, et de l’ambigüité : « Ils ne savent pas que ce qu’ils commettent est du polythéisme et ne le font pas intentionnellement ».

           La condition de l’apostasie de l’auteur de grand polythéisme, est qu’il ait voulu commettre l’acte ou prononcer la parole qui fait de lui un mécréant (qasd al fi’l), et non de vouloir accomplir ou prononcer de la mécréance en tant que telle (qasd al koufr), c’est à dire, en visant la mécréance parce qu’elle est de la mécréance.

En effet, ceci ne se trouve pratiquement pas chez les fils d’Adam ; le fait de viser la mécréance pour la mécréance, mais la plupart des gens pensent être bien guidés.

Allah a dit (sens) :

Et si tu les interrogeais, ils diraient très certainement : « Vraiment, nous ne faisions que bavarder et jouer. » Dis : « Est-ce d´Allah, de Ses versets (le Coran) et de Son messager dont vous vous moquiez ?»[1]

 

Un homme dit dans une assemblée pendant la bataille de Tabouk :

« Nous n’avons jamais vu de gens qui mangent autant qu’eux, qui mentent autant dans leur propos, et qui sont aussi lâches pendant le combat contre les ennemis ». Mais ‘Awf ibn Mâlik –qu’Allah l’agrée– passa par-là et les entendit alors qu’ils parlaient, et dit à celui qui parlait : « Tu mens, mais tu n’es en fait qu’un hypocrite[2], et je m’en vais en informer le messager d’Allah.

Et c’est là qu’Allah a révélé ces versets à leur sujet.

 

`Abd Allah ibn `Omar –qu’Allah les agrée– dit :

« J’ai vu cet homme s’accrocher à la corde qui fixe la scelle sur la chamelle du Prophète ﷺ et se blesser à cause des pierres contre lesquelles il trébuchait en disant : ô Messager d’Allah, nous ne faisions que bavarder et jouer. »

Le Prophète ﷺ lui disait alors : 

« Est-ce d’Allah, de Ses versets et de Son messager dont vous vous moquiez? Ne vous excusez pas : vous avez bel et bien rejeté la foi après avoir cru. Si Nous pardonnons à une partie des vôtres, Nous en châtierons une autre pour avoir été des criminels. » (Fin de citation)

 

               Ce verset est une preuve claire que le fait d’ignorer le caractère excommunicatoire d’un acte n’est pas un empêchement à l’apostasie de celui qui le commet.

En effet, malgré le fait qu’ils ignoraient que leurs propos étaient une apostasie, Allah les a jugés mécréants pour les avoir prononcés, alors qu’ils ne voulaient que bavarder et plaisanter. En réalité, seul un homme à prononcer ces propos de moquerie, et les autres l’ont agréé.

De plus, leur Takfîr n’a pas été conditionné par l’établissement de la preuve, comme l’ont innové à notre époque certaines personnes s’affiliant à la science. C’est d’ailleurs ce verset qui, aujourd’hui, est utilisé comme preuve du caractère excommunicatoire de la moquerie d’une chose faisant partie de la religion, or ce verset, avant d’être révélé, ne l’était pas.

 

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah –qu’Allah lui fasse miséricorde- dit à propos de ce verset :

« Ceci est une preuve qu’ils ne se sont pas aperçus d’avoir accompli de la mécréance, mais ils pensaient plutôt que ceci n’en était pas une. Il leur fut donc expliqué que la moquerie envers Allah, Ses versets et Son messager, est une mécréance par laquelle mécroit son auteur après avoir eu la Foi… » (Fin de citation) [3]

Allah a dit (sens) :

Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines, ainsi que le Christ fils de Marie, comme Seigneurs en dehors d´Allah, alors qu´on ne leur a commandé que de n´adorer une Divinité unique. Pas de divinité à part Lui ! Gloire à Lui ! Il est au-dessus de ce qu´ils [Lui] associent.[4]

 

‘Adiy ibn Hâtim –qu’Allah l’agrée– a dit : 

« Je me suis dirigé vers le Prophète ﷺ en portant une croix autour du cou, il me dit alors : ô ‘Adiy ibn Hâtim ! Retire cette amulette de ton cou !
Lorsque je suis arrivé devant lui, je l’ai entendu réciter : « Ils ont pris leur moines et leurs rabbins comme divinité en dehors d’Allah ». Je lui ai dit : Ô Messager d’Allah ! Nous ne les prenions pas comme divinité en dehors d’Allah ! Il dit : bien sûr que Si ! Ne vous autorisaient-ils pas ce qu’Allah avait interdit, et vous les suiviez en cela, et vice et versa ?
Je répondis : oui ! Il dit ﷺ : Eh bien, c’est en cela votre adoration ! » 

          Ceci est encore une preuve évidente que le fait d’ignorer que l’acte accomplit est de la mécréance, ne change pas le jugement de son l’auteur. Ce noble compagnon, avant sa conversion à l’Islam, ignorait qu’il prenait ces moines pour divinité en dehors d’Allah, tout comme les polythéistes de toute époque, ne savent pas que leurs actes sont de la mécréance et de l’égarement, ils pensent plutôt se rapprocher d’Allah, comme le prouve ce verset :

Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent) : « Nous ne les adorons que pour qu´ils nous rapprochent davantage d´Allah ». En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et mécréant.[5]

          L’argument des polythéistes de tout temps est toujours le même : « ce sont nos intercesseurs auprès d’Allah », et malgré cela, Allah a rejeté leurs excuses et les raisons pour lesquelles ils ont pris d’autres divinités en dehors de Lui, et les a jugé mécréants, alors qu’ils ne visaient pourtant pas la mécréance.

 

L’imam ‘Abd Allah Aba Boutayn –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Et lorsque que ‘Adîy Ibn Hâtim –alors qu’il était chrétien– entendit la Parole d’Allah –Le Très Haut– : « Ils ont pris leur moines et leurs rabbins comme divinité en dehors d’Allah », il dit au Prophète ﷺ : « Nous ne les adorions pas ! » Il dit ﷺ : « Ne vous interdisaient-ils pas ce qu’Allah a rendu licite, et vous le rendiez alors illicite ? Ne vous autorisaient-ils pas ce qu’Allah vous avait rendu illicite, et vous le rendiez licite ? », Il dit (‘Adîy –qu’Allah l’agrée) : « Je lui répondis : Bien sûr ! » Il dit alors  : « Alors ceci est leur adoration ».

Ainsi, ‘Adîy –qu’Allah l’agrée- ne pensait pas que leur conformité à ce qui a été cité était une adoration de leur part. Le Prophète ﷺ l’a donc informé que ceci était une adoration qu’ils leur vouèrent, alors qu’ils ne croyaient pas que c’était une adoration [de ces moines]. » (Fin de citation)[6]

 

Allah a dit (sens) :

Dis : « Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en œuvres ? Ceux dont l´effort, dans la vie présente, s´est égaré, alors qu´ils s´imaginent faire le bien. Ceux-là qui ont nié les signes de leur Seigneur, ainsi que Sa rencontre. Leurs actions sont donc vaines ». Nous ne leur assignerons pas de poids au Jour de la résurrection.[7]

 

L’Imam Ibn Jarîr At-Tabarî –qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit au sujet de ce verset, dans son Tafsîr :

« Et ceci est la preuve la plus claire concernant l’erreur de celui qui prétend que ne mécroit en Allah que celui qui vise intentionnellement la mécréance après avoir eu la connaissance de Son Unicité. Et ceci car Allah –que soit élevé Son Rappel– nous informe au sujet de ceux qu’il nous a décrits dans ce verset, que leurs efforts accomplis dans ce bas-monde était un égarement, alors qu’ils pensaient accomplir le bien dans leurs actes, et Il nous informe à leur sujet qu’ils sont ceux qui ont mécru aux signes de leur Seigneur. Et si la chose était, comme certains le prétendent, que personne ne mécroit en Allah si ce n’est qu’après en avoir eu connaissance, cela impliquerait obligatoirement que ces gens-là soient récompensés pour leurs actes au sujet desquels Allah nous a informés qu’ils pensaient faire du bien en les accomplissant. Cependant, c’est exactement le contraire de ce qu’ils disent, et Allah nous a informés les concernant, qu’ils sont mécréants et que leurs œuvres sont vaines. » (Fin de citation)[8]

 

Allah a dit (sens) :

Il guide une partie, tandis qu´une autre partie a mérité l´égarement parce qu´ils ont pris, au lieu d´Allah, les diables pour alliés, et ils pensent qu´ils sont bien-guidés ![9]

 

L’Imam al Baghawî –qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit au sujet de ce verset :

« Concernant la parole d’Allah : {Il guide une partie} c’est-à-dire qu’Allah les a guidés {tandis qu´une autre partie a mérité} c’est-à-dire que leur revient obligatoirement de droit {l’égarement} c’est-à-dire « par la volonté précédente » {parce qu´ils ont pris, au lieu d´Allah, les diables pour alliés, et ils pensent qu´ils sont bien-guidés !} Il y a, en cela, une preuve que le mécréant qui pense être dans la vérité au sujet de sa religion, ainsi que l’infidèle et l’obstiné sont égaux [dans le jugement]. » (Fin de citation)[10]

 

L’Imam Sa’dî –qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit au sujet de ce verset, dans son Tafsîr :

« {Et ils pensent qu’ils sont bien guidés} car pour eux, les réalités se sont inversées, ils ont donc pensé que le faux était le vrai et que le vrai était le faux. Et dans ces versets, il y a une preuve que les commandements et les interdits dépendent de la sagesse et de l’intérêt, comme l’a évoqué Allah, concernant le fait qu’il soit inimaginable qu’Il ordonne ce que les raisons voient comme une turpitude et rejettent, et qu’Il n’ordonne que la justice et le culte exclusif. Il y a également une preuve concernant le fait que la guidée est un bienfait et une grâce venant d’Allah, et que l’égarement provient de son abandon envers le serviteur, lorsqu’il a pris le diable en tant qu’allié, de par son ignorance et son injustice, et s’est causé l’égarement à lui-même. Également, celui qui pense être guidé alors qu’il est égaré, n’a alors aucune excuse, car il a eu la possibilité d’accéder à la guidée, cependant sa présomption, de par son injustice, l’a amené à délaisser le chemin menant à la guidée. » (Fin de citation)

Il est rapporté dans les recueils authentiques de Boukhârî et Mouslim, d’après Abou Houreirah –qu’Allah l’agrée-, que le Prophète  a dit :

« Certes, le serviteur peut, sans s’en rendre compte, prononcer une parole qui le fera tomber en Enfer et l’y précipiter sur une distance supérieure à celle qui sépare l’Orient de l’Occident ».

 

Shaykh ‘Abd Al-Latîf Ibn ‘Abd Ar-Rahmân Ibn Hassan Âl Shaykh –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Chaque mécréant s’est certes trompé, et les polythéistes commettent forcément de fausses interprétations (ta’wîlâte). Ils pensent que leur polythéisme avec les hommes vertueux est une vénération à leur égard et que cela leur profitera et repoussera d’eux [le mal]. Ils ne sont pas excusés par cette erreur et cette mauvaise interprétation, car Allah –Le Très haut- a dit :

« Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent) : « Nous ne les adorons que pour qu´ils nous rapprochent davantage d´Allah ». »[11], et Il dit –Le Très Haut- : « parce qu´ils ont pris, au lieu d´Allah, les diables pour alliés, et ils pensent qu´ils sont bien-guidés ! »[12], et aussi : « Dis : « Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants, en œuvres? Ceux dont l´effort, dans la vie présente, s´est égaré, alors qu´ils s´imaginent faire le bien. »[13]

Et les savants –qu’Allah leur fasse miséricorde– ont emprunté le chemin de la droiture et ont évoqué « le chapitre du jugement de l’apostat », et aucun d’entre eux n’a jamais dit que celui qui accomplit ou prononce une mécréance sans savoir qu’elle annule les deux témoignages, ne mécroit pas à cause de son ignorance. » (Fin de citation)[14]

Ainsi, les preuves concernant ce point sont nombreuses, sans comptez les paroles des grands Imams de la communauté.

 

Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb –qu‘Allah lui fasse miséricorde-, au sujet d’un verset de sourate Al Baqarah, duquel il retire plus de cinquante points bénéfiques, dit :

« Sa Parole au Très Haut : {Et ils suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Soulayman. Alors que Soulayman n´a jamais été mécréant mais bien les diables : ils enseignent aux gens la sorcellerie}[15], jusqu’à Sa Parole {…leurs âmes ! Si seulement ils savaient !}[16]. Il s’y trouve différents sujets…

–        Le dix-huitième : Que celui qui ne prononce qu’une seule parole de polythéisme, il n’est alors pas conditionné à la mécréance de son auteur, qu’il y ait une croyance du cœur, ni l’absence de dégout envers le polythéisme. »

 

Shaykh Sâlih Al Fawzân a dit dans son commentaire de ce propos du Shaykh Mouhammad :

« S’il prononce du polythéisme (takallama bi asshirk), comme s’il invoque autre qu’Allah ou demande le secours à autre qu’Allah, il a certes associé ! Et ce, même s’il dit : « je n’en avais pas l’intention dans mon cœur ». Cela ne justifie pas qu’il prononce des termes polythéistes, mais il doit s’en écarter. Et il ne lui sera d’aucun profit de dire : « je n’ai pas eu l’intention ». Ainsi, les jugements religieux sont fondés sur l’apparence, quant aux cœurs, Seul Allah les connait. Donc, celui qui accomplit du shirk, nous appliquons sur lui les jugements relatifs au polythéiste, et nous ne disons pas « nous ne connaissons pas son cœur, nous ne connaissons pas son intention… ». Nous ne sommes pas chargés de l’intention, elle revient à Allah –Élevé et glorifié Soit-Il-, nous ne sommes chargés que des apparences. Ainsi, celui qui fait apparaître le polythéisme par la parole ou l’acte, nous le jugeons polythéiste, jusqu’à ce qu’il se repente à Allah –Élevé et glorifié Soit-Il-.

Shaykh Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« – La dix-neuvième : Que celui qui prononce [ce polythéisme} n’est pas excusé, et ce, même s’il voulait par cela atteindre un but important. »[17]

Shaykh Sâlih Al Fawzân commente en disant :

« En effet, celui qui prononce du shirk n’est pas excusé, et ce, même s’il vise un objectif quelconque, et qu’il n’en a pas l’intention (d’associer), mais qu’il vise uniquement un besoin ou un but quelconque. On ne néglige pas le polythéisme, jamais ! Il est donc important de s’en écarter et de s’en éloigner, en permanence et à jamais ! Nous n’y entrons pas, ni n’agissons avec, quel que soit la situation. »[18] (Fin de citation)

 

En outre, Shaykh Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb a été précédé dans ces propos par Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah –qu’Allah lui fasse miséricorde-, lorsqu’il dit :

 « Et de manière générale, celui qui prononce ou accomplit ce qui est de la [grande] mécréance, mécroit par cela, et ce, même s’il ne vise pas le fait de devenir mécréant, car personne ne vise le fait de devenir mécréant, si ce n’est celui pour qui Allah l’a voulu. » (Fin de citation)[19]

 

Ainsi, le Coran, la Sounnah ainsi que ce qu’en ont compris les gens de science, prouvent clairement qu’un individu peut apostasier, sortir de l’Islam et devenir mécréant même sans le vouloir. Et nous finirons ce point avec une parole d’un grand Imam :

 

Shaykh ‘Abd Allah Ibn ‘Abd Ar-Rahmân Aba Boutayn – qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit :

« Si l’homme a su et établi que la divinité signifie « l’adoré« , et qu’il connait la réalité de l’adoration, il lui sera alors clair que celui qui voue un quelconque acte d’adoration à autre qu’Allah, l’a certes adoré et pris pour divinité, et ce, même s’il fuit de l’appellation « adoré » ou « divinité« , et qu’il l’appelle « intermédiaire« , « intercession« , « recours » ou autre chose du genre. Le polythéiste est donc polythéiste qu’il le veuille ou non, tout comme l’usurier est usurier qu’il le veuille ou non, et ce même s’il n’appelle pas son acte « usure« , ainsi que le consommateur d’alcool est un « consommateur d’alcool« , et ce même s’il le nomme par un autre nom. »[20]

            Afin d’anticiper l’argumentation des ignorants, avec le hadith connu de l’homme qui sous l’effet de la grande joie, prononça une parole de mécréance, disant « Allah, tu es mon serviteur et je suis ton seigneur », dont voici le texte :

            Le Prophète  a dit : « Allah Se réjouit du repentir de Son serviteur plus que se réjouit l’un de vous qui, traversant une terre désertique, voit sa monture lui échapper, emportant sa nourriture et sa boisson. Désespérant de retrouver sa monture, il s’allonge à l’ombre d’un arbre. Alors qu’il est ainsi, voilà que sa monture se présente devant lui. Il la saisit par la bride et s’exclame sous l’effet de la joie : « Ô Allah ! Tu es mon serviteur et je suis Ton seigneur ! », commettant ainsi un lapsus. »[21]

            Les défenseurs des polythéistes utilisent ce hadith comme argument que, le fait de prononcer une parole de mécréance n’implique pas forcément que l’auteur de cette parole soit mécréant, et ce, de manière absolue. Ils pensent donc que ce hadith est une preuve pour eux dans l’excuse des polythéistes prétendument ignorants, car, le fait qu’ils soient ignorants implique qu’ils ne veuillent pas donner un associé à Allah, et donc, comme cet homme cité dans le hadith qui ne voulait pas prononcer cette parole de mécréance, ils sont toujours musulmans et excusés pour leur ignorance.

          Nous répondons donc à cette toile d’araignée qu’est leur ambiguïté, que cet homme n’a pas eu l’intention de prononcer cette parole (qasd al qawl), mais elle est sortie de sa bouche sans qu’il ne s’en rende compte, et le Prophète  nous informe qu’il a commis un lapsus, or il y a une différence très claire entre prononcer une parole de mécréance sans le vouloir, et vouloir prononer une parole de mécréance sans savoir qu’elle est de la mécréance, comme expliqué précédemment. Il faut donc distinguer en « Qasd al qawl » et « Qasd al koufr », vouloir dire la parole, et vouloir dire de la mécréance.

 

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit au sujet de ce hadith :

« La langue l’a devancé en prononçant ce qu’il n’avait pas dans le cœur, comme l’a dit celui qui a invoqué sous l’emprise de la joie, en disant « O Allah, tu es mon serviteur… ». (Fin de citation) [22]

 

Shaykh Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Lorsqu’il prononce une parole de mécréance, mais sans connaître ce qu’elle signifie, et qu’il est évident et clair qu’il a prononcé une chose dont il ne comprend pas la signification (alors il n’est pas mécréant). Par contre, s’il ignore que cela le fait sortir de l’Islam [tout en comprenant la signification de cette parole] alors il suffira de lire le verset « Ne vous excusez pas : vous avez certes mécru après avoir cru »[23] , ils s’excusaient chez le prophète, étant convaincu de n’avoir pas quitté l’Islam. » (Fin de citation)[24]

 

Ainsi, utiliser ce genre de preuves pour excuser ces associateurs qui adorent autre qu’Allah jour et nuit, et qui parfois même n’adorent qu’eux, tout en prétendant l’Islam, est une tromperie et égarement évident.

Ce point vient donc, par la grâce d’Allah, clairement démonter cette prétention qui consiste à dire que l’individu ne sort pas de l’Islam parce qu’il ne sait pas que son acte l’annule.

 


[1] Sourate 9 / Verset 65

[2] (J’attire d’ailleurs ton attention, cher frère, chère sœur, sur le fait que ce noble compagnon, avant même la révélation du verset, a accusé cet homme d’être un hypocrite, sans établir de preuve sur lui, ni lui demander ce qu’il visait par ce propos, et il n’a pas consulter le Messager d’Allah , mais il l’a jugé selon son apparence.)

[3] Majmou’ Al Fatâwâ, volume 7, page 273

[4] Sourate 9 / Verset 31

[5] Sourate 39 / Verset 3

[6] Intisar li hizbillah Al Mouwahhidine, page 34

[7] Sourate 18 / Verset 103 à 105

[8] Jâmi’ al bayân volume 16 / Tafsir Ibn jarîr at-Tabarî

[9] Sourate 7 / Verset 30

[10] Tafsîr de l’Imam Al Baghawî

[11] Sourate 39 / Verset 3

[12] Sourate 7 / Verset 30

[13] Sourate 18 / Verset 103 et 104

[14] Fath Al Bârî, volume 12, page 298

[15] Sourate 2/ Verset 102

[16] Sourate 2 / Verset 102

[17] Ad-Dourar as-Saniyyah, 13/93

[18] Source audio et vidéo ici

[19] As-Sârim al Masloul, page 147

[20] Fatâwâ Najdiyah, volume 1, page 116/117

[21] Hadith rapporté par l’Imam Mouslim

[22] Ar-Radd ‘alâ Al Bakrî 2/663

[23] Sourate 9 / Verset 66

[24] Ad-Dourar As-Saniyah 10/125

(2009)

Neuvième point : Vouloir être mécréant n’est pas une condition pour le devenir