Deuxième point : Un jugement religieux ne doit être extrait que du Coran, de la Sounnah, et non des paroles des hommes, quelque-soit leur rang.


 

 

           Le principe fondamental sur lequel doit être basée toute argumentation religieuse, et sur lequel toute la communauté est unanime, est qu’un jugement religieux ne peut être extrait que du Coran et de la Tradition prophétique. Le consensus et l’analogie étant également sources de jugements religieux, découlent cependant des deux précédentes. En effet, il ne peut y avoir de consensus ou d’analogie qui soit contraire aux textes révélés. Allah nous a d’ailleurs enjoints de suivre sa révélation et d’y renvoyer toutes nos disputes :

Suivez ce qui vous a été descendu venant de votre Seigneur et ne suivez pas d´autres alliés que Lui. Mais vous vous souvenez peu.[1]

Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d´entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleur interprétation (et aboutissement).[2]

Sur toutes vos divergences, le jugement appartient à Allah. Tel est Allah mon Seigneur ; en Lui je place ma confiance et c´est à Lui que je retourne [repentant].[3]

Non!… Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu´ils ne t´auront demandé de juger de leurs disputes et qu´ils n´auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu´ils se soumettent complètement [à ta sentence].[4]

Le jugement n´appartient qu´à Allah : Il tranche en toute vérité et Il est le meilleur des juges.[5]

Et suis ce qui t´est révélé, et sois constant jusqu´à ce qu´Allah rende Son jugement car Il est le meilleur des juges.[6]

Et les versets allant dans ce sens sont extrêmement nombreux. Allah a d’ailleurs blâmé le fait de délaisser Sa révélation, que ce soit pour suivre les ancêtres, les clans ou quiconque qui ne soit pas Son Messager ﷺ :

Et quand on leur dit : « Suivez ce qu´Allah a fait descendre », ils disent : « Non, mais nous suivrons les coutumes de nos ancêtres. » – Quoi ! Et si leurs ancêtres ne raisonnaient en rien, et s´ils n´avaient pas été dans la bonne direction ?[7]

Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité ![8]

« Que ceux qui s’opposent à son ordreprennent garde qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux. »[9]

La seule parole des croyants, quand on les appelle vers Allah et Son messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est :« Nous avons entendu et nous avons obéi. »Et voilà ceux qui réussissent.[10]

 Le jugement n´appartient qu´Allah. Il vous a commandé de n´adorer que Lui. Telle est la religion droite ; mais la plupart des gens ne savent pas.[11]

 

L’Imam Mâlik –qu’Allah lui fasse miséricorde- rapporta dans son Mouwatta d’après le hadith d’Ibn `Abbâs –qu’Allah les agrée tous les deux– qui dit :

Le Prophète ﷺ a prononcé une exhortation pendant le Pèlerinage d’adieu en disant :

« Certes, je vous ai laissé deux choses, si vous vous y accrochez fermement, vous ne vous égarerez jamais : le Livre d’Allah et ma Sounnah »[12]

Ainsi ‘Ali ibn abi Tâlib –qu’Allah l’agrée- disait :

« Tu ne connaîtras pas la vérité par les hommes, mais sache la vérité et tu reconnaîtras les hommes qui la suivent ».[13]

L’imam Mâlik –qu’Allah lui fasse miséricorde- disait :

« Je ne suis certes qu’un être humain qui se trompe comme il peut avoir raison. Regardez donc attentivement mes opinions. Tout ce qui est en accord avec le Coran et la Sounnah, prenez-le, et tout ce qui est en désaccord, rejetez-le. ».[14]

L’imam ash-Shâfi’î –qu’Allah lui fasse miséricorde– a dit :

 « Les musulmans sont unanimes sur l’interdiction de délaisser une Sounnah du Messager d’Allah  lorsqu’elle se présente, pour l’opinion de quelqu’un d’autre. »[15]

L’imam Ahmad –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Ne m’imite pas, ni moi, ni Mâlik, ni ash-Shâfi’î, ni Al Awzâ’î, ni ath-Thawrî, mais puise là où ils ont puisé. »[16]

Shaykh Al Albânî –qu’Allah lui fasse miséricorde- au sujet des paroles de ces imams :

« Ceci est la preuve de la perfection de la science et de la crainte d’Allah de ces savants, car ils soulignent bien qu’ils ne connaissent pas intégralement la Sounnah(…).  Ainsi, il se peut que ces imams émettent des avis qui soient en désaccord avec la Sounnah qui ne leur est pas parvenue, et c’est pourquoi ils nous ont ordonné de nous y accrocher et de la considérer comme faisant partie de leur opinion.[17]Qu’Allah les accepte tous dans Sa Clémence.[18]

Shaykh Al Islam Ibn Taymiyah –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Quant à la croyance (Al I’tiqâd), elle ne se prend pas de moi ni de celui qui est plus grand que moi [dans la science], mais elle se prend d’Allah et de Son Messager, ainsi que de ce sur quoi se sont réunis les [pieux} prédécesseurs de cette communauté. Ainsi, il est obligatoire de croire en ce qui se trouve dans le Coran, de même que ce qui a été confirmé dans les hadiths authentiques comme dans l’authentique d’Al Boukhârî et Mouslim. »[19]

Shaykh Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhab –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit dans son ouvrage « Les trois principes fondamentaux » :

« Le deuxième principe fondamentale : La connaissance de la religion musulmane par les preuves » (Fin de citation)

A savoir qu’il a introduit cet ouvrage par « Donc si l’on te demande : quels sont les trois principes fondamentaux que tout musulmans doit connaître ? Réponds : son Seigneur, sa religion et son Prophète Mouhammad , tels sont les trois principes fondamentaux que le serviteur d’Allah doit connaître. »

Ce principe fondamental s’applique d’autant plus dans les sujets liés à la croyance et aux fondements religieux qui forment la base de l’Islam, incluant le fait de discerner entre un musulman et un mécréant, un monothéiste et un polythéiste, faisant l’objet d’un consensus incontestable, comme nous le verrons plus loin.  Ainsi, les propos de certains, visant à éloigner nos frères de cette question, les appelant ainsi à suivre aveuglément la parole d’untel ou untel, sont caducs et sont une preuve de leur ignorance. Il faut ajouter que l’apprentissage de la science est une obligation pour tout musulman, et particulièrement, concernant tout ce qui touche aux fondements de celle-ci :

D’après Anas –qu’Allah l’agrée-, le Prophète ﷺ a dit : « Apprendre la science est une obligation pour chaque musulman ».[20]

            Cependant, ces paroles ne signifient absolument pas qu’il ne faille pas revenir aux savants érudits, comme le prétendent certains ignorants afin de se détourner des preuves, bien au contraire, mais les paroles des hommes doivent être prouvées et ne pas être utilisées comme preuves, et particulièrement dans les sujets de fondements, dans lesquels aucune divergence n’est tolérée.

Le grand Imam du Najd, ‘Abd Allah Ibn ‘Abd Ar-Rahmân Aba Boutayn, Mouftî des deux Terres Saintes de son époque, a dit :

« Allah a certes imposé à la création Son obéissance et celle de Son Messager , et leur a ordonné de renvoyer toutes leurs disputes à Son Livre et à la Sounnah de Son Messager . Et les savants sont unanimes sur l’interdiction du suivi aveugle au sujet du monothéisme et du Message [du Prophète].(Fin de citation)[21]

Et ceci est confirmé par ce qui suit :

Quand les meneurs désavoueront les suiveurs à la vue du châtiment, les liens entre eux seront bien brisés ! Et les suiveurs diront : « Ah ! Si un retour nous était possible ! Alors nous les désavouerions comme ils nous ont désavoués » – Ainsi Allah leur montra leurs actions ; source de remords pour eux ; mais ils ne pourront pas sortir du Feu.[22]

Dans le hadith de Hudhaifah Ibn Al-Yaman rapporté dans les deux authentiques, il dit : « Les gens interrogeaient le Messager d’Allah sur le bien, et moi je l’interrogeais sur le mal, de peur qu’il ne m’atteigne. Je dis : ô Messager d’Allah ! Nous étions dans l’ignorance et le mal, et Allah nous a apporté ce bien, donc y aura-t-il un mal après ce bien ? – Oui. – Et après ce mal, y aura-t-il un bien ? – Oui, mais il sera troublé. – Quel est ce trouble ? – Des gens qui adoptent autre que ma Sunna et suivent une voie autre que la mienne, tu approuveras d’eux certaines choses et en réprouveras d’autres. – Et après ce bien, y aura-t-il un mal ? – Oui, des prêcheurs aux portes de l’Enfer, celui qui leur répond, ils l’y précipitent. – Que m’ordonnes-tu si je vis cela ? – Attache-toi au groupe uni des musulmans et leur imam. – Et s’ils n’ont ni groupe uni ni imam ? – Éloigne-toi alors de tous ces groupes, même si tu dois pour cela mordre à la racine d’un arbre jusqu’à ce que la mort te saisisse dans cet état. »[23]

Ce hadith prouve également que le suivi des prêcheurs ou des savants n’est pas une excuse à l’égarement, car le musulman est soumis à Allah, et se doit de suivre la vérité qui lui est parvenue.

‘Abd Allah Ibn ‘Abbâs –qu’Allah les agrée tous deux– disait :

« Je crains qu’il ne tombe sur vous des pierres venant du ciel. Je vous dis : le Messager d’Allah a dit, et vous dites Abou Bakr et Omar ont dit ! »[24]

Cher frère, chère sœur, constate quelle a été la réaction de ce grand compagnon qu’est ‘Abd Allah Ibn ‘Abbas, qui a réprimandé ses contemporains parce qu’ils argumentaient avec les paroles d’Abou Bakr et ‘Omar face aux propos du Messager d’Allah , et qui te dira qui étaient Abou Bakr et ‘Omar –qu’Allah les agrée-. Quant serait-il alors, si, face aux propos du Messager d’Allah , on lui disait : “Shaykh untel a dit”, contemporain du vingtième siècle ?!

Et il est triste de constater que la plupart de nos frères s’affiliant à la voie des pieux prédécesseurs, qui parfois même sont des imams qui sont pris pour modèles, fassent preuve d’un suivisme aveugle digne des confréries soufies, et ce, que cela soit dans les sujets fondamentaux touchant à la croyance ou dans les ramifications, sous prétexte qu’Allah nous ait enjoint de revenir aux gens de science lorsque l’on ne sait pas. En effet, dès qu’ils refusent d’accepter la vérité et les preuves auxquelles Allah leur a imposé de se soumettre, ils sortent alors la carte du « on revient aux savants », ignorant que ceci est restreint et n’est pas absolu. La vérité est que ceux-là ne suivent ni le Coran, ni la Sounnah, ni les pieux prédécesseurs, mais suivent aveuglément certains savants contemporains, tout en osant prétendre revenir à ces trois sources ; cependant, les jugements sont fondés sur la réalité et non sur les prétentions. Et pour finir, tu les verras blâmer les égarés, parmi les innovateurs et les gens de la déviation, pour avoir suivi aveuglément leurs leaders, alors qu’eux-mêmes sont dans cette situation ; la seule différence, dirons-nous, est qu’ils suivent probablement les bonnes personnes, et Allah Sait mieux.

Mouhammad Ibn ‘Abd Al Wahhâb –qu’Allah lui fasse miséricorde- a d’ailleurs réfuté cette ambiguïté satanique dans son ouvrage « Les six principes fondamentaux », qui est d’ailleurs toujours présente à notre époque, et chez des personnes se prétendant de la connaissance, et censées avoir étudié ces livres fondamentaux. Il dit donc :

« Le sixième fondement : Lever l’ambiguïté que Satan a introduite dans l’esprit des gens, consistant à délaisser le Coran et de la Sounnah, et à suivre les avis et les passions, source de division ; sous prétexte qu’ils ne sont connus que par celui qui est capable de faire un effort d’interprétation (moujtahid moutlaq), et qui possède telle et telle caractéristique qui ne se trouve probablement pas complètement chez Abou Bakr et ‘Omar, et que quiconque ne les possède pas, doit se détourner de ces deux sources, jusqu’à ce que doutes et ambiguïtés soient levés. Quant à celui qui cherche à être guidé à travers ces deux sources, il est considéré soit comme un « zindîq », soit comme un fou, sous prétexte qu’elles seraient trop difficiles à comprendre ! Gloire et Pureté à Allah ! Pourtant Allah a réfuté, de diverses manières, dans les textes scripturaires, à travers Ses décrets, dans Sa Création et par le biais de Ses commandements, cette ambiguïté (choubha) maudite, au point qu’elle fait partie des choses que chaque musulman est tenu de connaître… »

L’imam Ibn Al Qayyim –qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit :

« Le savant commettra forcément des erreurs, car n’étant pas infaillible. Il n’est donc pas permis d’accepter tout ce qu’il dit, et d’ériger sa parole au rang de celle de celui qui est infaillible (prophète), et ceci est ce qu’a blâmé et interdit tout savant à la surface de la terre, tout en blâmant son auteur. »[25]

Voilà donc pour ce point fondamental, qui est la clé permettant à tout croyant sincère de voir plus clair dans cette question.

 


[1] Sourate 7 / Verset 3

[2] Sourate 4 / Verset 59

[3] Sourate 42 / Verset 10

[4] Sourate 4 / Verset 65

[5] Sourate 6 / Verset 57

[6] Sourate 10 / Verset 109

[7] Sourate 2 / Verset 170

[8] Sourate 2 / Verset 213

[9] Sourate 24 / Verset 63

[10] Sourate 24 / Verset 51

[11] Sourate 12 / Verset 40

[12] Rapporté par Mâlik (hadith 1628), Ibn Nasr dans « Es-Sounna » (68) et El-Hâkim (1/93). El-Albâni l’a jugé Hassan (bon) dans son commentaire sur « El-Michkât » (186).

[13] Nouzoul al abrâr

[14] Rapporté par Ibn ‘Abd Al Barr dans Jamî’ al ‘ilm wa fadlih, volume 2, page 32

[15] I’lâm al mawqi’în, 2/363-364

[16] I’lâm al mawqi’îne, 2/302

[17] Ceci ne signifie absolument pas qu’il ne faille pas revenir aux savants, bien au contraire, il n’est pas donné à n’importe qui d’extraire des jugements légiférés à partir des sources. Cependant, dans les fondements de la religion, comme la croyance en l’unicité et les piliers de la Foi, il n’est permis à personne de suivre aveuglément un autre que le Messager d’Allah, comme le cité après l’Imam Aba Boutayn. Cependant, la validité du monothéisme de l’imitateur, est un sujet à divergence, certains voient qu’il n’est pas valable, d’autres voient qu’il est valable, et Allah est plus savant.

[18] La description de la prière du Prophète

[19] Majmou’ Al Fatâwâ 3/161

[20] Rapporté par Ibn Maja et authentifié par Cheikh Albani dans Sahih Targhib n°72

[21] Source: Dourar as-Saniyah, 10/399

[22] Sourate 2 / Versets 166 et 167

[23] Rapporté par Al-Boukhârî (3606) et Mouslim (1847)]

[24] Fath Al Majîd 387, 388

[25] I’lâm Al Mawqi’îne

(1638)

Deuxième point : Un jugement religieux ne doit être extrait que du Coran, de la Sounnah, et non des paroles des hommes, quelque-soit leur rang.